“La JMEC est un rappel annuel et une occasion pour revenir sur sa relation avec l’égalité des chances” Nour (ci-dessous, à droite).

Etudiante en école d’ingénieur en 2019, Nour Fassi termine sa 5ème et dernière année à l’INSA en génie électrique. Elle a choisit de se spécialiser dans les systèmes embarqués pour en faire une thèse en 2020. Membre du collectif Different Leaders, elle a animé une série d’événements à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Égalité des Chances (JMEC) en 2019.

Qu’est-ce que la JMEC représente pour toi ?

Nour Fassi – La JMEC est, à mon sens, l’occasion de rappeler que nous avons tous et toutes plus au moins un rôle à jouer pour établir l’égalité des chances pour chacun. Nous avons le choix de sensibiliser, mettre en place des activités et travailler traduire cet objectif dans la réalité. Il est nécessaire de rappeler que les inégalités existent toujours, mais qu’il existe aussi de bonnes pratiques pour les combattre.

C’est donc un rappel annuel, une occasion pour faire son introspection et pour revenir sur sa relation avec l’égalité des chances : je fais partie de quel bout de la corde ? Est-ce qu’il existe une corde au préalable ? Quelle est la source des inégalités, et comment agir contre elles à notre niveau ?

Sous quels formats ont eu lieu les événements que tu as organisés avec ton équipe au Maroc en 2019 ?

Nour – Notre objectif était de permettre aux jeunes de milieux modestes, qui font des études mais n’ont pas forcément de réseau les menant directement à un emploi, de développer leur soft skills, qui nous semblaient sous-investies par les jeunes qui avaient des opportunités au bout des doigts. Ainsi, sur plusieurs jours, nous avons mis en place des ateliers dans différentes universités.

Mais nous avons aussi voulu aller plus loin en nous penchant sur ce qui, dans l’enseignement, renforce les inégalités, et nous avons organisé une conférences inspirante pour encourager les jeunes à se projeter au delà des croyances limitantes qui peuvent être transmises, ainsi qu’une table ronde avec le corps professoral afin d’échanger sur ce qui pourrait être amélioré dès maintenant.

Quel a été l’impact de cette JMEC ? Quelle est ta vision de long terme ?

Nour – L’édition 2019 était organisée par des participant.e.s de l’édition 2018, et nous avons réussi à fidéliser des partenaires pour les éditions prochaines, ce qui est en soi une victoire. À long terme, nous souhaiterions que cet engagement de la jeunesse et du corps professoral pousse les autorités nationales à prendre le sujet au sérieux.

Une anecdote qui t’as marquée ?

Nour – Lors de la conférence qui réunissait des pédagogues pour parler de l’égalité des chances à l’école, on n’a pas eu d’audience. Nous étions désemparées au départ  ! Heureusement, les échanges étaient de grande qualité, et nous avons pu les retranscrire plus tard. Cela nous a donné matière pour retourner voir les pédagogues avec “quelque chose”, sans avoir l’air d’étudiantes complètement idéalistes !

Qu’est-ce que tu en retiens ?

Nour – Au final, j’en retiens deux choses : la première, c’est de ne plus jamais inviter que par mail et de  prendre le temps de passer des coups de fil (rires). Mais plus sérieusement, la seconde c’est qu’en réalité,

il y a beaucoup de gens de milieux différents sont prêts à s’engager pour la cause. Il s’agit de savoir construire des ponts entre des mondes qui s’ignorent, et je trouve cela rassurant pour l’avenir.

Propos recueillis par Yaaba Diop.
Photos : 
© Maonghe.M.