“Quelque chose de simple, au final ça peut être beaucoup plus efficace qu’un événement grandiose. Si tu es en faveur de l’égalité des chances et que tu veux permettre à des étudiants de réaliser leurs rêves, eh bien il faut se lancer !”
Naofal Zinini
Photo : ©Maonghe.M
Nafoal Zinini est mentoré chez Article 1 et engagé avec les Different Leaders depuis 2019. Pour la première fois, il a décidé d’organiser un atelier auprès des jeunes de sa ville, à l’occasion de l’édition 2020 de la Journée Mondiale pour l’égalité des chances, avec l’association Ville Simplement. C’était l’opportunité pour lui de sensibiliser les jeunes sur leurs soft skills et de les encourager avec son témoignage.
Peux-tu te présenter ?
Naofal Zinini : Je m’appelle Naofal Zinini. J’habite à Nantes. J’ai 20 ans. Je suis en deuxième année de DUT GEA à Nantes. J’ai entendu parler de la Journée Mondiale de l’Égalité des chances grâce à un autre membre du collectif lors d’un campus d’été pour les mentorés d’Article 1. Comme je suis déjà engagé pour l’égalité des chances dans ma ville, j’étais attaché à ces questions-là et je me suis donc lancé dans l’organisation d’un événement.
Peux-tu nous raconter comment s’est déroulée la JMEC à Nantes ?
N.Z : J’ai sollicité des jeunes d’une association dont je suis administrateur, qui est basée à Nantes autour de la question de l’autocensure. Je leur ai proposé un atelier soft skills, c’est-à-dire des compétences personnelles qui sont une réelle plus-value et qu’il ne faut pas les négliger en pensant que seule son expérience scolaire ou professionnelle a de la valeur. Ils étaient motivés pour participer et ça c’est fait naturellement. L’atelier était en présentiel et le public était composé de jeunes âgés entre 17 et 22 ans. Ça a très bien fonctionné et c’est un outil qui leur permettra d’avoir confiance en eux pour un entretien, une lettre de motivation, un CV. On peut aller loin en identifiant et en valorisant nos compétences acquises lors d’expériences informelles.
Tu as un exemple de l’impact que ça a eu ?
N.Z : Au début de l’atelier, le concept des soft skills, c’était un peu compliqué, un peu nouveau, mais plus on avançait et plus c’est devenu clair. Par exemple, il y avait une participante qui était en décrochage scolaire et qui ne savait pas comment se valoriser, elle pensait ne savoir rien faire. Je lui ai demandé si elle avait des nièces ou des cousins. Elle m’a dit qu’elle avait une nièce et qu’elle s’occupait d’elle assez souvent, toute seule à la maison. Je lui ai dit qu’elle avait donc sans doute développé des soft skills comme la rigueur, la responsabilité, la gestion de la sécurité… qu’elle en avait beaucoup des compétences et au final elle était très contente, elle n’y croyait pas. Ça m’a fait vraiment plaisir de voir ça !
Il y a avait aussi des élèves de lycée, de l’université, d’école et des personnes hors cursus scolaire… En général, tout le monde a été agréablement surpris.
Quel conseil donnerais-tu pour organiser une JMEC ?
N.Z : C’est de bien prendre le temps de s’organiser avant. Au début, je ciblais les lycées, alors que c’est compliqué de mobiliser les professeurs. J’aurais dû m’y prendre beaucoup plus tôt pour ça !
La veille de l’atelier, il faut tester le matériel avant d’arriver.
Un dernier conseil important : ne pas stresser, je peux assurer que tout va bien se passer !
Comment as-tu eu ce déclic d’organiser cet atelier ?
N.Z : Au début, quand je venais d’intégrer le collectif Different Leaders, je ne connaissais pas très bien la JMEC. J’ai vu que les gens parlaient de cette journée, en l’occurrence des éditions précédentes et ça m’a impressionné. La première année, je n’osais pas en faire une à Nantes. J’imaginais quelque chose d’assez grand. Par exemple, quand je voyais la JMEC Sénégal ou bien la JMEC Côte d’Ivoire, je me disais que c’était inspirant mais que ça nécessitait une organisation pharaonique. Finalement, j’ai fait un petit évènement qui a très bien fonctionné et qui a eu de l’impact !
Comme quoi, il ne faut vraiment pas se sous-estimer. Même une petite action, ça peut tout changer ! Une table-ronde, un débat, quelque chose de simple, au final ça peut être beaucoup plus efficace qu’un événement grandiose. Si tu veux permettre à des étudiants de réaliser leurs rêves, eh bien il faut se lancer !
Que retiens-tu de cette édition JMEC ?
N.Z : Déjà, la visibilité était incroyable ! Je voyais des amis à moi qui ne connaissaient même pas la JMEC partager des publications sur les réseaux sociaux… Pour être honnête, je ne m’y attendais pas ! Concernant la JMEC à Nantes, je sous-estimais l’effet que ça pouvait avoir. À la fin de l’atelier, j’ai fait un point en demandant à tous les jeunes ce qu’ils faisaient pour pouvoir les conseiller et leur donner d’éventuelles pistes. En fin de compte, ça a beaucoup servi d’autant plus que l’association et les jeunes ont bien aimé. Si c’était à refaire, je le referais !
Une anecdote que tu as envie de partager ?
N.Z : J’ai eu un moment drôle qui m’a marqué personnellement. Il y avait un jeune d’origine brésilienne qui s’était prêté à l’exercice et pour nous énumérer ses compétences, il nous a parlé du fait qu’il allait chaque été dans les favelas car il avait de la famille là-bas. On s’est tous mis à chercher des compétences autour de cette expérience comme le courage, le sang-froid, le sens du relationnel et l’adaptabilité. C’était inattendu, et génial ! Ça montre tout simplement comment on peut tous et toutes s’approprier l’atelier.
Propos recueillis par Imtinen Abidi.